Bicentenaire

Lyonel Trouillot
Actes Sud
août 2004

. Résumé : Port-au-Prince, début 2004, Lucien, un jeune homme se rend en ville où a lieu une manifestation qui précèdera la chute du président Aristide. Ce récit retrace cette journée, depuis sa descente vers la ville jusqu’à l’ultime charge de la police lors de laquelle la mort va le surprendre. En chemin, il repense à sa vie et à ceux qu’il aime (sa famille, sa femme, ses camarades étudiants).

. Notre avis : Le romancier, journaliste, poète haïtien Lyonel Trouillot nous relate l’histoire de la « fête » du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti.
Début de l’année 2004, dans la ville de Port-au-Prince, en proie au soulèvement des étudiants, Lucien quitte son bidonville pour descendre les rejoindre au cœur de la ville.
Dans ce récit qui ne dure qu’une journée, les souvenirs de Lucien l’envahissent au cours de sa marche. Souvenirs cruels de sa mère, paysanne pauvre, souvenirs amers de « l’étrangère », la femme qu’il aime et qu’il connait à peine, souvenirs ambigus de ses camarades étudiants, espérant follement un autre avenir que celui qui leur est fait.
Une journée et toute l’histoire d’Haïti. Premier pays libre, libéré par ses esclaves ; première République noire qui n’en finit pas de payer sa liberté.
Toute l’œuvre de Lyonel Trouillot est traversée par l’histoire d’Haïti, ce livre là plus directement et brutalement que tous les autres.

« A neuf heures moins le quart, l’étudiant rejoint le petit groupe de braves qui se sont donnés rendez-vous devant l’École des Arts. Paulémon et Ayissa se tiennent par la main. Estimable ne tient la main à personne. Tous ont respecté la consigne : la chemise ou le corsage dans le pantalon. pour montrer qu’ils ne portent pas d’armes. Les commentaires parviennent à l’étudiant. Fatalistes. Accusateurs. Pourquoi ne laissent-ils pas les choses comme elles sont ? Rien ne changera jamais ici.
L’étudiant n’écoute pas vraiment. Derrière les voix, il entend surtout la peur. Ses camarades non plus n’écoutent pas. Ils savent qu’ils ont raison. Que la fatalité est un luxe qu’ils ne peuvent plus se payer. Que leur humanité passe par cette prise de risque. Ils savent qu’il n’y a pas moyen de savoir ce qu’il y a au bout de la marche, mais qu’il leur faudra désormais marcher. Ensemble, de préférence.
Ernestine Saint Hilaire, je ne sais pas pourquoi je marche. Même quand je crois le savoir, je ne le sais pas vraiment. Mais je sais qu’il me faut lutter contre l’immobile en moi. Marcher. Pour me réconcilier avec le mouvement. »

Consultez la disponibilité de ce document dans notre catalogue et réservez le en cliquant ici !

Partager cette page sur :